Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES, nombril du monde grec / Delphi, navel of the Greek World
Temple d'Athéna (SD 29), ca 510/500 av. J.-C.
La terrasse située en contrebas du sanctuaire principal, de l'autre coté du ravin de Castalie, était occupée par le sanctuaire de la déesse Athéna, honorée à Delphes sous l'épiclèse de Pronaia, celle qui est "devant le temple".
Cette épithète un peu mystérieuse (devant quel temple ?) doit se rapporter à une époque où son culte se trouvait à proximité du temple de l'oracle.
Lorsqu'eut lieu le dégagement de cette terrasse, en 1900, les fouilleurs trouvèrent un temple disloqué par un affaissement de terrain, mais dont quinze colonnes étaient encore, à des niveaux divers, debout.
Malheureusement, la chute d'énormes rochers en 1905 pulvérisa en partie les vestiges, dont seules subsistèrent la plate-forme et quelques colonnes à l’arrière du bâtiment.
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Vues du temple au moment de son dégagement (1900-1901) et après la catastrophe de 1905.
L'histoire de ce temple, construit à la même époque que le temple d'Apollon dit des Alcméonides, mais à une échelle moindre, est assez complexe.
Après un glissement de terrain, on construisit du côté de la pente des murs d'entrecolonnement, peut-être pour le protéger d'éventuelles chutes de rochers. A quel moment fut-il abandonné et déplacé dans un autre bâtiment ? Toutes ces interrogations participent de ce que l'on a appelé très vite les "énigmes de Marmaria" et qui rendent difficile l'identification des différents bâtiments.
Contrairement aux autres édifices de la terrasse, ce temple était construit en tuf et en briques crues (murs), afin de le rendre mois lourd, ce qui n'a pas empêché, son effondrement, sur cette terrasse artificielle peu propice aux grandes constructions.




Vue depuis le nord avec au premier plan, les murs de protection bâtis entre les colonnes (les rochers ne sont plus visibles de nos jours)





Les débris conservés du décor de toiture en terre cuite (chéneau et figures d’acrotère) permettent de se faire une idée de la splendide polychromie de cette architecture, que les siècles passés nous avaient habitué à imaginer sans couleurs. A gauche, restitution, par les laboratoires MTS d'EDF et MAP de l'ENSA de Nancy, des édifices de Marmaria au temps de leur splendeur.
Ci-dessus, reconstitution du chéneau courant sur les longs cotés de temple, avec les palmettes couvrant en façade les joints entre les tuiles.
A gauche, fragments d'une figure ailée située aux extrémités du fronton (acrotère), et, ci-dessous, détail du visage.
