Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES, nombril du monde grec / Delphi, navel of the Greek World
rotonde de marbre, dite "Tholos" (SD 40)
Tholos before anastylosis (1900-1938)
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dessin D. Laroche
Le monument circulaire, que l'on désigne improprement comme "Tholos" (en réalité le mot tholos désigne un mode de couverture et non un bâtiment), a été partiellement reconstruit en 1938, ce qui met en évidence sa forme ronde, assez rare dans le monde antique. Sa singularité se remarque aussi dans la richesse du décor et dans la finesse de l'exécution, même si l'état de conservation est inégal. Un article à venir dans le Bulletin de Correspondance Hellénique viendra apporter des observations nouvelles et une interprétation inédite de cette rotonde.
Sur une fondation en tuf qui, par exception, est pleine, l'euthyntéria en calcaire de Saint-Elie amorce un système d'une grande régularité et d'un travail très précis. L'élévation, en marbre pentélique, était généralement scellée par des crampons en Pi, plus épais que larges, et par des goujons. La krépis est à trois degrés, composés chacun de 40 blocs égaux et soulignés d'une ciselure continue, simple pour les deux premiers, double pour le stylobate. Les dalles de ce dernier, comme celles du péristyle qu'il enveloppe, ont une découpe parfaitement rayonnante. Le diamètre à ce niveau est de 13,50 m.
Une dalle sur deux portait en son milieu une des 20 colonnes doriques, assujettie par un tenon et faiblement penchée vers l'intérieur. Les chapiteaux sont relativement ramassés, avec un profil plus tendu qu'au Trésor dorique, mais surtout les colonnes sont très élancées, leur hauteur de 5,93 m. contenant 6,82 fois leur diamètre inférieur. Cette maigreur est en partie compensée par une diminution de l'espacement qui atténue le porte-à-faux de l'épistyle entre deux colonnes, inévitable dans ce type de plan : de centre à centre, e./d.i. = 2,21. L'entablement est en proportion plus léger que de coutume, sa hauteur n'égalant que 24% de celle de la colonne. La forme circulaire a permis une parfaite harmonie entre le rythme de la colonnade et celui de la frise, à raison de deux métopes par baie.
Le péristyle était couvert d'un très beau plafond de marbre à caissons creux dont les contours en faux losanges étaient commandés par le caractère rayonnant du système. A part ce détail, tous les éléments paraissent mesurés selon une loi modulaire très stricte. Le mur du sékos, qui par exception paraît naître d'une moulure décorative, était fait de parpaings sur socle d'orthostates et couronné lui aussi d'un entablement dorique à 40 métopes, plus petites que celles de la façade extérieure. Une large porte, dont les montants devaient être en bois précieux, s'ouvrait en face d'un entre-colonnement, au Sud, selon l'orientation des Trésors.
L'intérieur était composé d’une seule pièce. Autour d'une dalle centrale de marbre blanc, le sol était en calcaire bleu sombre. Il était lui-même entouré d'un socle en marbre bleuté qui portait des colonnes en marbre blanc, d'ordre corinthien, presque tangentes au mur (on en voyait 17 cannelures sur 20). Bien que les chapiteaux soient très ruinés, on a pu restituer un dispositif symétrique à volutes très hautes sortant de deux calices bas de feuilles d'acanthes.

Elévation restituée de la "tholos" (la forme de la toiture est hypothétique)

dessin K. Gottlob

dessin D. Laroche

dessin K. Gottlob
dalle de couverture du péristyle

Chapiteau reconstitué de la colonnade intérieure (musée)

dessin K. Gottlob
Base de la colonne intérieure

dessin K. Gottlob
Premier chéneau de la toiture
The partial anastylosis of the Tholos (1938)





The architecture of the Tholos
The interior of the building
The exterior elevation, after the correction made during the anastylosis, seems to be doubtless. The inner side of the round wall enclosing the central space and the interior circular base have suffered too much from a fire to give us safe information about the disposition of this central space. A colonnade, with very few remains, stood on a round pedestal. Ten ionic columns were erected before the wall, but this display was transformed after the collapse of a first marble roof, to heavy for the framework. The whole colonnade was rebuilt with a Corinthian capital and a lighter roof with terracotta tiles.
In 1995-1996, a research conducted with sponsorship of EDF helped us to suggest a restoration model of the whole building with a two-storey colonnade.
But further investigation has shown us that there was only one one row of free-standing columns, leaned against the wall in a second stage.


Two watercolours of Kaj Gottlob (1960)


Views of the Computer-aided 3D model of the tholos (EDF/EFA/CRAI 1996)
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Il a fallu attendre la synthèse publiée par Fl. Seiler en 1986 sur les tholoi pour avoir un dessin d’élévation de l’ensemble avec la bonne hauteur du péristyle. Le toit n’y a qu’un chéneau mais, dans le même livre, une coupe restituée présente les deux chéneaux superposés, pour illustrer une thèse présentée en 1952 par G. Roux.
Les chéneaux et les toits
Les deux séries de chéneaux, que G. Roux avait voulu assoscier sur la même toiture proviennent en réalité de deux toitures successives. La première série, plus fine, n’a pas dû rester très longtemps en place, si on en juge par l’état de surface du marbre. La seconde, beaucoup mieux conservée proportionnellement, montre en revanche une exposition prolongée aux intempéries. On peut conclure que deux couvertures se sont succédées, la première sur un schéma octogonal dont plusieurs fragments de tuiles en marbres sont conservés, de la seconde nous n’avons que que le chéneau, ce qui laisse penser que les tuiles étaient en terre cuite.
La géométrie des tuiles de la première toiture semble indiquer un profil qui se relève, comme celui de nombreuses autre tholos connues (Limyra, Messène, peintures murales italiennes).
L’extérieur
L’élévation restituée par l’architecte allemand U. Wenzel, que H. Pomtow a publiée en 1912, comportait des colonnes doriques basses, à 4 tambours, et un lanterneau, donc une toiture à deux étages (dont le plus haut était soutenu par une coupole !) en utilisant les deux types de chéneaux connus.
La restitution de K. Gottlob ( 1925 ) avait les mêmes colonnes doriques, mais ne comportait que quelques pointillés pour suggérer la forme d’un toit conique à chéneau unique. L’anastylose de 1938 a fait, à l'époque, l'objet d'une chronique et d'un article, mais le seul dessin publié était celui d'une coupe partielle du péristyle avec la colonne dorique qui comportait désormais 5 tambours. Autrement dit, le problème des colonnes intérieures et celui de la toiture n'étaient pas traités.
General views of the Tholos in its present state









Tholos fragments displayed in the museum




La destination
La destination de la Tholos est très controversée. Nous pensons qu’elle était le naos que Pausanias a vu en ruines. Parmi les hypothèses avancées, écartons d'abord celle d'un odéon, qui est de pure invention, celle d'un hérôon et celle du Prytanée, qui ne conviennent pas aux données topographiques. L. Lerat avait proposé d'y voir "l'hoplothèque de Marmaria" mentionnée dans un compte de construction du IIIe s. av. J.-C. ; son nom indique qu'on y entreposait une panoplie rituellement offerte à Athéna. Mais la forme de l'édifice, et surtout sa décoration, ne conviennent pas à une hoplothèque.
Une nouvelle interprétation sera proposée dans un article à venir par l'équipe (Sandrine Huber, Anne Jacquemin, Didier Laroche, Manon Bublot) qui travaille actuellement sur Marmaria.
La sculpture.
Les tuiles de la partie supérieure du toit imposent de restituer une pièce faîtière d'un diamètre supérieur à un mètre, sur laquelle figurait probablement un fleuron. À une hauteur moindre, il devait y avoir huit statues acrotères, dont certaines sont connues de manière fragmentaire. Plus bas, les deux chéneaux étaient sculptés d'un beau rinceau d'acanthe sur fond plat entre des gargouilles léonines. Plusieurs de ces pièces - acrotères, chéneaux et gargouilles - sont visibles au Musée avec un choix des débris des 80 métopes (amazonomachie et centauromachie en relief très détaché du fond).
L'architecte.
Bien que le bâtiment ait eu des prédécesseurs comme la Tholos sicyonienne archaïque, l'architecte était ici un novateur. D'après Vitruve, il avait écrit un livre sur son oeuvre et son nom était Theodorus Phocaeus, c.-à-d. Théodore de Phocée en Asie Mineure ( en grec Théodôros Phokaieus ). On a supposé une confusion du nom avec Théodotos (architecte connu à Epidaure), ou de l’ajectif avec Phokeus (de Phocide). Quoi qu'il en soit, l'édifice paraît marqué par des traditions athéniennes.
