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rotonde de marbre, dite "Tholos" (SD 40)

Tholos before anastylosis (1900-1938)

     Le monument circulaire, que l'on désigne improprement comme "Tholos" (en réalité le mot tholos désigne un mode de couverture et non un bâtiment), a été partiellement reconstruit en 1938, ce qui met en évidence sa forme ronde, assez rare dans le monde antique. Sa singularité se remarque aussi dans la richesse du décor et dans la finesse de l'exécution, même si l'état de conservation est inégal. Un article à venir dans le Bulletin de Correspondance Hellénique viendra apporter des observations nouvelles et une interprétation inédite de cette rotonde.

    Sur une fondation en tuf qui, par exception, est pleine, l'euthyntéria en calcaire de Saint-Elie amorce un système d'une grande régularité et d'un travail très précis. L'élévation, en marbre pentélique, était généralement scellée par des crampons en Pi, plus épais que larges, et par des goujons. La krépis est à trois degrés, composés chacun de 40 blocs égaux et soulignés d'une ciselure continue, simple pour les deux premiers, double pour le stylobate. Les dalles de ce dernier, comme celles du péristyle qu'il enveloppe, ont une découpe parfaitement rayonnante. Le diamètre à ce niveau est de 13,50 m.

     Une dalle sur deux portait en son milieu une des 20 colonnes doriques, assujettie par un tenon et faiblement penchée vers l'intérieur. Les chapiteaux sont relativement ramassés, avec un profil plus tendu qu'au Trésor dorique, mais surtout les colonnes sont très élancées, leur hauteur de 5,93 m. contenant 6,82 fois leur diamètre inférieur. Cette proportion est incompatible avec la date traditionnellement attribuée à ce bâtiment depuis sa reconstruction.

     Ce critère, allié à d'autres, nous amène à dater la tholos de la deuxième moitié du IVe siècle av. J-C. et l'attribuer, comme sa sœur d'Olympie, au roi de Macédoine Philippe II, qui fut le "sauveur" de Delphes en 346.

Tholos avant anastylose
avant anastylose (74501)
Tholos before anastylosis
tholos_De_Miré_1
Delphes, le monument rond
Tholos before anastylosis
Tholos before anastylosis
Tholos before anastylosis
tholos avant anastylose (2)
tholos intérieur cella

Le péristyle était couvert d'un très beau plafond de marbre à caissons creux dont les contours en faux losanges étaient commandés par le caractère rayonnant du système. A part ce détail, tous les éléments paraissent mesurés selon une loi modulaire très stricte. Le mur du sékos, qui par exception paraît naître d'une moulure décorative, était fait de parpaings sur socle d'orthostates et couronné lui aussi d'un entablement dorique à 40 métopes, plus petites que celles de la façade extérieure. Une large porte, dont les montants devaient être en bois précieux, s'ouvrait en face d'un entre-colonnement, au Sud, selon l'orientation des Trésors.

            L'intérieur était composé d’une seule pièce. Autour d'une dalle centrale de marbre blanc, le sol était en calcaire bleu sombre. Il était lui-même entouré d'un socle en marbre bleuté qui portait des colonnes en marbre blanc, d'ordre corinthien, presque tangentes au mur (on en voyait 17 cannelures sur 20). Bien que les chapiteaux soient très ruinés, on a pu restituer un dispositif symétrique à volutes très hautes sortant de deux calices bas de feuilles d'acanthes. 

Elévation restituée de la "tholos"
La forme de la toiture est à modifier légèrement en fonction d'une étude en cours

dalle de couverture du péristyle

Chapiteau reconstitué de la colonnade intérieure (musée)

Base de la colonne intérieure

Premier chéneau de la toiture

The partial anastylosis of the Tholos (1938)

The architecture of the Tholos

The interior of the building

                    

     The exterior elevation, after the correction made during the anastylosis, seems to be doubtless. The inner side of the round wall enclosing the central space and the interior circular base have suffered too much from a fire to give us safe information about the disposition of this central space. A  colonnade, with very few remains, stood on a round pedestal. Ten ionic columns were erected before the wall, but this display  was transformed after the collapse of a first marble roof, to heavy for the framework. The whole colonnade was rebuilt with a Corinthian capital and a lighter roof with terracotta tiles.

     In 1995-1996, a research conducted with sponsorship of EDF helped us to suggest a restoration model of the whole building with a two-storey colonnade.

        But further investigation has shown us that there was only one one row of free-standing columns, leaned against the wall in a second stage.

Two watercolours of Kaj Gottlob (1960)

Views of the Computer-aided 3D model of the tholos (EDF/EFA/CRAI 1996)

timbre Marmaria
tholos polychromie (essai)
tholos transparente
Tholos modèle 3D
tholos ordre intérieur
tholos entablement extérieur
tholos, péristyle
tholos, perspective sur la cella

Il a fallu attendre la synthèse publiée par Fl. Seiler en 1986 sur les tholoi pour avoir un dessin d’élévation de l’ensemble avec la bonne hauteur du péristyle. Le toit n’y a qu’un chéneau mais, dans le même livre, une coupe restituée présente les deux chéneaux superposés, pour illustrer une thèse présentée en 1952 par G. Roux.

 

Les chéneaux et les toits

 

Les deux séries de chéneaux, que G. Roux avait voulu assoscier sur la même toiture proviennent en réalité de deux toitures successives. La première série, plus fine, n’a pas dû rester très longtemps en place, si on en juge par l’état de surface du marbre. La seconde, beaucoup mieux conservée proportionnellement, montre en revanche une exposition prolongée aux intempéries. On peut conclure que deux couvertures se sont succédées, la première sur un schéma octogonal dont plusieurs fragments de tuiles en marbres sont conservés, de la seconde nous n’avons que que le chéneau, ce qui laisse penser que les tuiles étaient en terre cuite.

La géométrie des tuiles de la première toiture semble indiquer un profil qui se relève, comme celui de nombreuses autre tholos connues (Limyra, Messène, peintures murales italiennes).

L’extérieur

                    

L’élévation restituée par l’architecte allemand U. Wenzel, que H. Pomtow a publiée en 1912, comportait des colonnes doriques basses, à 4 tambours, et un lanterneau, donc une toiture à deux étages (dont le plus haut était soutenu par une coupole !) en utilisant les deux types de chéneaux connus.

La restitution de K. Gottlob ( 1925 ) avait les mêmes colonnes doriques, mais ne comportait que quelques pointillés pour suggérer la forme d’un toit conique à chéneau unique. L’anastylose de 1938 a fait, à l'époque, l'objet d'une chronique et d'un article, mais le seul dessin publié était celui d'une coupe partielle du péristyle avec la colonne dorique qui comportait désormais 5 tambours. Autrement dit, le problème des colonnes intérieures et celui de la toiture n'étaient pas traités.

General views of the Tholos in its present state

Tholos fragments displayed in the museum

La destination

 

La destination de la Tholos a été un sujet très controversé. Parmi les hypothèses avancées, écartons d'abord celle d'un odéon, qui est de pure invention, celle d'un hérôon et celle du Prytanée, qui ne conviennent pas aux données topographiques. L. Lerat avait proposé d'y voir "l'hoplothèque de Marmaria" mentionnée dans un compte de construction du IIIe s. av. J.-C. ; son nom indique qu'on y entreposait une panoplie rituellement offerte à Athéna. Mais la forme de l'édifice, et surtout sa décoration, ne conviennent pas à une hoplothèque.

Nous pensons qu’elle était le "premier naos" que Pausanias a vu en ruines.

La nouvelle interprétation qui a été proposée dans un article récent par l'équipe qui mène le programme "Marmaria" de l'Ecole française d'Athènes (Sandrine Huber, Anne Jacquemin, Didier Laroche, Manon Bublot) est d'attribuer cette construction, dont la date dans la 2e moitié du IVe siècle convient mieux que celle jusqu'à présent retenue (375/370), au roi Philippe II de Macédoine, ou à son successeur Alexandre après la mort de son père.

Ainsi, la rotonde de Delphes serait le modèle de celle d'Olympie, marquant l'arrivée de la dynastie macédonienne dans les affaires de la Grèce après l'éviction par Philippe en 346 des Phocidiens qui s'étaient emparés du sanctuaire ("3e guerre sacrée").

La sculpture.

 

Les tuiles de la partie supérieure du toit imposent de restituer une pièce faîtière d'un diamètre supérieur à un mètre, sur laquelle figurait probablement un fleuron. À une hauteur moindre, il devait y avoir huit statues acrotères, dont certaines sont connues de manière fragmentaire. Plus bas, les deux chéneaux étaient sculptés d'un beau rinceau d'acanthe sur fond plat entre des gargouilles léonines. Ce chéneau fut remplacé dans un délai assez court par un autre chéneau semblable, reproduisant celui du temple dont le chantier venait de s'achever. Plusieurs de ces pièces - acrotères, chéneaux et gargouilles - sont visibles au Musée avec un choix des débris des 80 métopes (amazonomachie et centauromachie en relief très détaché du fond).

L'architecte.

 

Bien que le bâtiment ait eu des prédécesseurs comme la Tholos sicyonienne archaïque, l'architecte était ici un novateur. D'après Vitruve, il avait écrit un livre sur son œuvre - plus exactement sur la toiture qui était d'une grande complexité géométrique - et son nom était Theodorus Phocaeus, c.-à-d. Théodore de Phocée, ville d'Asie Mineure (en grec Théodôros Phokaieus). On a supposé une confusion du nom avec Théodotos (architecte connu à Epidaure), ou de l’adjectif avec Phokeus (de Phocide).

Un couvercle de plat à Tajin qui reprend la forme dite "tholos" de la rotonde delphique

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