Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES, nombril du monde grec / Delphi, navel of the Greek World
L'aurige (offrande de Polyzalos)
SD 535



La statue de l'aurige (terme latin signifiant "cocher") fut découverte au nord du temple, entre le 28 avril et le 9 mai 1896.
En même temps furent retrouvés des débris d'un quadrige : fragments de chevaux, du char et bras d'un adolescent (?).
Ces vestiges furent difficiles à interpréter car l'inscription, sur le seul bloc retrouvé, avait été effacée dans l'antiquité.
L'aurige est probablement l'objet le plus célèbre du musée et l'image de ce jeune cocher anonyme est devenu le symbole moderne de Delphes.



L'aurige : vues générales en pied et détails
Roland Hampe, Der Wagenlenker von Delphi (1941)
Reconstitution du quadrige à partir des fragments retrouvés
Musée de Delphes
L'aurige est représenté debout, immobile, tenant les rênes dans sa main droite, et probablement une baguette dans la main gauche, perdue avec le bras. La statue est en bronze, coulée suivant la technique de la cire perdue, divisée en plusieurs morceaux soudés.
Mais certains détails sont rapportés : les yeux dans une pierre blanche, les lèvres en cuivre, les dents en argent, etc.
Le style, dit "sévère" est celui du début du Ve siècle.
L'inscription mentionne Polyzalos, un tyran de Syracuse, qui exalte ici des victoires remportées par son frère Hiéron, au cheval monté en 482 et 478, à la course de chars en 470, victoires célébrées par le poète Pindare.




Des recherches menées actuellement par une équipe du Louvre permettent de mieux connaitre les techniques de fonte et d'assemblage des différentes pièces qui composent la statue, qui dénotent une maitrise technique exceptionnelle, supérieure par certains côtés aux connaissances actuelles.










Bras d'adolescent (palefrenier ?) et restes de chevaux : queue et membres






Photos de Georges de Miré (1942)













Essai de restitution du groupe de l'aurige (D. Laroche, 2023)
Le dessin ci-dessus résulte des différents travaux réalisés ces dernières années à propos du groupe de l'aurige.
Une Niké (Victoire), ou le propriétaire du char (ou les deux), peuvent avoir pris place sur le char. Nous avions pensé, un moment, que l'aurige aurait pu se trouver non pas sur le char, mais à côté, ce qui aurait expliqué son regard oblique, mais l'écrou visible sur une photo ancienne sur son scellement placé sous le pied, interdit cette hypothèse.
A gauche, un célèbre étalon du nom de Phérénikos, vainqueur également (deux fois) aux jeux Pythiques, vient compléter le groupe.
Des études récentes conduites par le musée du Louvre introduisent un doute, contrairement à la présentation actuelle dans le musée, sur l'appartenance d'un jeune homme (?), dont seul le bras est conservé, au groupe dit de l'aurige.
Cette offrande se trouvait sur une base surplombant le temple au Nord.
Elle a été détruite par une avalanche de rochers, phénomène très fréquent dans cette zone du sanctuaire, et ensevelie sous des déblais jusqu’à sa redécouverte.
Il y a de grandes chances que d'autres fragments de ce groupe soient encore enfouis sous les masses de terres et de roches accumulées derrière le mur de soutènement qui longe le temple, et qui dans ce secteur est très tardif.